Cette recherche explore comment les fresques murales et la toponymie de la Petite-Bourgogne fonctionnent comme des cartographies vivantes de la mémoire collective des communautés noires à Montréal. Ce quartier, berceau du jazz canadien et foyer d’importantes luttes sociales, a longtemps été un centre culturel vibrant avant d’être transformé par des vagues successives de rénovation urbaine et de gentrification. À travers l’analyse de fresques emblématiques dédiées à Oscar Peterson et Daisy Peterson Sweeney, ainsi que des efforts de commémoration à travers la toponymie (ex. la proposition de renommer la station Lionel-Groulx), nous montrons comment ces ancrages spatiaux servent à visualiser, transmettre et préserver des récits minoritaires. Ces pratiques de mémoire interrogent également les dynamiques d’invisibilisation et d’effacement, notamment dans un contexte où la gentrification entraîne le déplacement des populations noires du quartier. En plaçant ces marqueurs de mémoire en dialogue avec des approches critiques de la cartographie sociale, cette étude questionne comment les formes d’expression spatiale – qu’il s’agisse de fresques ou de noms de lieux – peuvent agir comme des actes de résistance et de réappropriation urbaine. Elle contribue ainsi à une réflexion plus large sur la mémoire des espaces en transformation et le rôle des communautés dans la construction de récits alternatifs au sein du paysage montréalais.