Les quartiers périurbains des villes d'Amérique latine, comme ceux de Bogota, font face à de nombreux défis en raison de leur informalité. Cette situation engendre des problèmes complexes d’urbanisme et de gestion des ressources environnementales, affectant à la fois les habitants et leurs voisins. Parmi les enjeux majeurs figurent l'insécurité juridique et économique, les risques naturels (glissements de terrain, inondations) et l'insécurité alimentaire, exacerbée par la pandémie de COVID-19 en Colombie. À Bogota, les quartiers informels des Cerros Orientales illustrent bien ces problématiques. Les habitants d’Alto Fucha (San Cristóbal) et de La Mariposa (Usaquén) se sont mobilisés au cours de la dernière décennie pour améliorer leurs conditions de vie et défendre leur droit à rester sur place. Parmi leurs actions figure la mise en place d’initiatives d’agriculture périurbaine : création de jardins sur des terrains à risque ou dans des espaces publics et privés pour favoriser la participation citoyenne. En dépit d’une gestion gouvernementale limitée et de défis juridiques persistants, l’agriculture urbaine dans ces quartiers constitue une opportunité d’améliorer la gouvernance locale, la souveraineté alimentaire, la préservation des savoirs traditionnels et la durabilité environnementale. Elle favorise aussi l’implication des habitants dans la vie publique et la reconfiguration de l’espace urbain, participant ainsi à la lutte contre l’insécurité alimentaire. Cette recherche, fondée sur des méthodes qualitatives et exploratoires, s’appuie sur des entretiens et des observations directes dans ces communautés, complétés par des échanges avec des représentants institutionnels. Les résultats montrent que les jardins urbains renforcent la gouvernance territoriale par la participation citoyenne et contribuent à la construction sociale de l’espace dans ces territoires.