Notre étude explore la filière de la castanha (Bertholletia excelsa) comme pilier économique et levier de résilience pour les communautés extractivistes en Amazonie. En combinant des données satellitaires du projet MapBiomas (1990–2023) et des témoignages recueillis sur le terrain, nous démontrons que, malgré une stabilité apparente de la couverture forestière dans certaines réserves (p. ex. la RDS Rio Iratapuru), la dépendance quasi exclusive à la castanha expose les communautés à d’importantes vulnérabilités économiques et environnementales. Dans la RDS, l’organisation collective via la coopérative COMARU permet une valorisation verticale – transformation en huile, biscuits, etc. – qui renforce le pouvoir de négociation et stabilise les revenus, tandis que dans la RESEX, l'absence de structures coopératives efficaces force les producteurs à se fier à des intermédiaires informels, générant une volatilité des prix qui fragilise leur économie. Nos analyses révèlent que la diversification des activités, bien qu’en apparence présente (72 % des ménages pratiquent l’agriculture dans la RESEX), demeure principalement une stratégie de survie imposée par la saisonnalité de la récolte et l'absence de mécanismes de soutien institutionnel. Ce travail, en mobilisant les cadres théoriques d’Auty (1993) et de Sen (1999), met en lumière l’urgence d’un rééquilibrage entre la dépendance à la castanha et la diversification économique afin d’assurer la durabilité et la résilience socioécologique des territoires. Par ailleurs, nous discutons des implications de ces dynamiques sur la sécurité alimentaire, la santé et l’accès aux services essentiels, éléments intrinsèques à la stabilité des communautés. Nos résultats invitent à repenser les politiques de développement rural en Amazonie, en favorisant des dispositifs d’appui technique, de microcrédit et d’infrastructures adaptées, afin de transformer ces défis en opportunités de développement durable.