Au Sénégal, les universités constituent des leviers importants pour réduire les disparités socio-économiques et promouvoir un développement équilibré entre régions centres et périphériques. Cependant, peu d’études ont exploré l’influence croissante de ces universités sur la studentification et la gentrification qui modifient les dynamiques urbaines, sociales et économiques des territoires périphériques. Afin d’examiner ces impacts ainsi que les politiques nationales et locales qui accompagnent l’implantation des universités au Sénégal, nous comparons deux cas d’études, l’Université de Bambey située dans la région de Diourbel au centre du pays et l’Université de Ziguinchor située au sud du pays. Ces universités jouent un rôle important dans le développement local, bien qu’elles soient éloignées des grandes villes. Des entretiens semi-dirigés avec des experts en développement urbain, des représentants des villes et des représentants d’étudiants ainsi que l’analyse de documents officiels (rapports d’État, plans nationaux et régionaux d’aménagement du territoire, articles de journaux) permettent de mieux comprendre les défis liés à la studentification et à la gentrification dans ces contextes. Cette recherche indique que la présence d’universités dans ces villes a généré des opportunités économiques avec le développement d’activités comme la restauration privée, le commerce, le transport, les services de transfert d’argent et l’immobilier. Elle a révélé aussi que l’arrivée massive des étudiants a entrainé une augmentation du coût des loyers et l’émergence de logements privés exclusivement occupés par les étudiants. Pour atténuer la pression financière des étudiants, les municipalités de leurs villes d’origine prennent en charge leurs appartements ou subventionnent les logements. Alors que la studentification et la gentrification ont fait l’objet d’études approfondies en Europe et en Amérique du Nord, cette recherche apporte une perspective nouvelle sur ces dynamiques au Sénégal. Elle met en évidence des spécificités propres aux villes universitaires en Afrique de l’Ouest notamment le rôle des municipalités dans l’atténuation des impacts financiers et l’importance des acteurs informels dans l’offre de logement.